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Problèmes de vagin

Pharmacie du 17ème

Tous les symptômes touchant les organes génitaux de la femme, tels qu'écoulements, pertes anormales, rougeurs, irritations, démangeaisons, odeurs nauséabondes, qui sont souvent accompagnés de douleur lors des relations sexuelles, sont classés à tort sous l'appellation de " vaginite ". C'est un terme commun qui signifie simplement "inflammation du vagin".

Pourtant, les symptômes qui affectent la vulve et le vagin ne sont pas toujours attribuables à une vaginite à champignons, surtout s'ils sont récidivants.


Quelles sont les causes ?

Infections

Vaginite à champignons ou à Candida (infection dite "à levures")
Caractérisée par une irritation et une rougeur de la vulve, avec démangeaisons et pertes anormales, généralement épaisses et collantes, parfois accompagnées d'odeurs. Fréquente chez les femmes qui prennent des antibiotiques et chez celles qui souffrent de diabète mal maîtrisé, elle est de cause inconnue chez la majorité des femmes. Cette infection n'est pas considérée comme une infection transmissible sexuellement (ITS) et traiter le partenaire ne changera pas le taux de récidive chez les femmes. Lorsque la vaginite est récidivante, il s'agit plutôt d'un trouble immunitaire local; cela indique que le système immunitaire du vagin (seulement du vagin et pas du reste du corps) est défaillant.

Vaginose bactérienne (infection du vagin la plus fréquente)
Caractérisée par une odeur de poisson qui devient encore plus nauséabonde après les rapports sexuels. Une irritation survient également lors des rapports sexuels. La vaginose bactérienne n'est pas non plus une ITS et elle n'est pas contagieuse. Traiter le partenaire ne changera pas le taux de récidive.

Autres causes possibles

  • Absence de lubrification du vagin lors de la pénétration
  • Excès de propreté et emploi de savons irritants ou asséchants

Maladies de la peau (lichen scléreux, lichen plan, eczéma, etc)
Elles entraînent notamment de la rougeur, des démangeaisons et une sensation de brûlure en urinant.

Fissure à l'entrée du vagin
On ne sait pas vraiment à quoi elle est due, mais on soupconne qu'il s'est produit une blessure à cet endroit et que la peau, au lieu de s'étirer, se déchire.

Lésions localisées
Telles que celles qui sont causées par l'herpès, le cancer et certaines ITS, comme les condylomes et le molluscum contagiosum, petite tumeur cutanée bénigne.

Vulvodynie (brûlure, irritation de la vulve, sensation de peau râpée)
On n'en connaît pas l'origine, mais les chercheurs pensent qu'une racine nerveuse abîmée en serait la cause. Les relations sexuelles sont souvent pénibles, voire impossibles. Une sensation de douleur en urinant peut y être associée.

Vestibulite
Cette affection complexe, qui pourrait être causée par une trop grande quantité d'acide oxalique (contenue dans certains aliments comme la rhubarbe, les prunes et les pêches) dans les sécrétions vaginales, se caractérise par une sensation de brûlure lorsqu'on touche l'entrée du vagin.

Vaginite inflammatoire desquamative
Maladie rare, où la flore du vagin est perturbée et où l'inflammation est majeure. Cela entraîne des pertes très abondantes (jaunâtres ou verdâtres), sans odeur particulière, de même qu'une démangeaison importante et constante. La démangeaison est amplifiée lorsqu'on va uriner. Il arrive que cette maladie devienne chronique et très handicapante : les femmes ont de la difficulté à avoir des relations sexuelles et même à vaquer à leurs occupations quotidiennes. La cause exacte n'est pas encore vraiment connue, mais on croit que c'est le système immunitaire de l'organisme qui attaque les tissus du vagin comme s'ils étaient des tissus étrangers.

Conseils pratiques

Obtenir le bon diagnostic
Il existe de nombreuses maladies de la vulve et du vagin, qui se manifestent sensiblement par les mêmes signes et symptômes, mais dont le traitement diffère de l'une à l'autre. Consultez un médecin afin d'obtenir un diagnostic clair.

Apaiser les démangeaisons
Appliquez des compresses d'eau froide sur les organes génitaux ou prenez des bains auxquels vous ajouterez du bicarbonate de soude. Ce sont des moyens qui peuvent calmer les démangeaisons et les irritations en attendant que le médecin pose son diagnostic. Evitez les savons, les produits irritants, les miniserviettes et les vêtements serrés.

Employer un lubrifiant si nécessaire
Le vagin doit être bien lubrifié avant la pénétration. Les lubrifiants classiques en gelée, le K-Y, par exemple, vendus en pharmacie, sont efficaces, mais si la relation sexuelle se prolonge, ils finissent par dessécher davantage la paroi vaginale. Des lubrifiants, tels que l'Astroglide (que l'on trouve surtout dans les boutiques d'érotisme) ou le K-Y liquide, ne produisent pas cet effet indésirable. Vous pouvez aussi utiliser, au besoin, un hydratant vaginal avec applicateur, qui dure de 48 à 72 heures (Replens ou K-Y longue action).

Éviter d'expérimenter toutes sortes de produits et de médicaments
N'utilisez pas des fonds de pots, des restants de crème ou d'antibiotiques qui risquent de rendre la tâche difficile au médecin qui tentera de poser le diagnostic. N'ayez pas recours non plus aux crèmes médicamenteuses en vente libre, car elles pourraient ne pas convenir au traitement des symptômes que vous présentez. La meilleure chose à faire, c'est d'obtenir le diagnostic clair d'un médecin expérimenté.

Ne pas utiliser de savons irritants et ne pas faire de douches vaginales
Bien que cela soulage à court terme, les douches vaginales (qui contiennent souvent des produits chimiques qui empirent les démangeaisons) ne permettent pas à la flore microbienne du vagin de se reconstituer. Cela peut occasionner ou entretenir des symptômes à la vulve et au vagin. Même les savons réputés doux sont irritants. Choisissez plutôt des nettoyants doux et non parfumés, tels que Cetaphil ou SpectroJel, ou tout simplement de l'eau.

Ne pas craindre la pilule contraceptive
Nombreuses sont les femmes qui associent à tort vaginite et pilule anticonceptionnelle, à cause d'anciennes études peu rigoureuses qui laissaient soupconner un lien entre les deux. Selon des études sérieuses, ce lien est inexistant.

Le préservatif prévient les infections transmissibles sexuellement (ITS), mais il ne guérit pas de la vaginite.
Des femmes souffrant de vaginite, croyant qu'il s'agit d'une ITS, demandent à leur partenaire d'utiliser des préservatifs. Le préservatif masculin peut aggraver les symptômes exacerbés par les relations sexuelles. Par contre, il semble que le préservatif féminin puisse les réduire. Une ITS occasionnera rarement les mêmes symptômes qu'une vaginite. Si vous avez un nouveau partenaire, utilisez des préservatifs et passez un test de dépistage d'ITS.

Les spermicides, le pour et le contre
De nombreux couples ont l'habitude d'utiliser le préservatif en association avec un gel ou une mousse spermicide, une substance qui, lorsqu'elle est introduite dans le vagin, détruit les spermatozoïdes. C'est un choix de contraception (taux maximal d'efficacité de 80% lorsqu'il est utilisé seul). Toutefois, il faut savoir que les spermicides peuvent altérer l'équilibre bactérien du vagin et provoquer une vaginite ou une vaginose, ou causer des irritations. De plus, sans préservatif, ils ne préviennent pas les infections transmissibles sexuellement (ITS) et ils peuvent même faciliter le VIH (sida). En effet, le virus du VIH se loge plus facilement dans une muqueuse vaginale irritée.

Et les ampoules de lactobacilles ?
Vous êtes peut-être tentée d'utiliser des ovules ou des ampoules de lactobacilles ? Ces produits contiennent une bactérie, Lactobacillus acidophilus (que l'on retrouve également dans certains yogourts), qui n'est pas la même que celle de la flore vaginale. Certaines femmes pensent que ces ampoules peuvent contribuer à rétablir l'équilibre de la flore vaginale. Il n'en est rien.

Ne pas croire qu'il n'y a rien à faire
En général, les femmes se sentent coupables ou honteuses d'être aux prises avec des symptômes qui affectent la région génitale. Elles finissent par appréhender les relations sexuelles, au point de devenir parfois anxieuses, dépressives et de perdre le désir. Ces femmes sont susceptibles de développer du vaginisme, un réflexe involontaire, qui se traduit par des contractions douloureuses des muscles du vagin lors de la pénétration. Rappelez-vous que vos symptômes sont médicalement curables.

Quand consulter ?

  • Votre vagin est irrité et rouge au point de vous incommoder sérieusement.
  • Des pertes anormales en sortent.
  • Les pertes vaginales dégagent une odeur anormale, ont une apparence anormale ou sont abondantes.
  • Vous éprouvez des douleurs pendant les rapports sexuels.
  • Vous remarquez des fissures, des lésions au niveau de vos organes génitaux.
  • Les traitements ne font que diminuer les symptômes sans les faire disparaître.
  • Les traitements ne vous guérissent que pendant quelques jours et les symptômes apparaissent plus de trois fois par an.

Que se passe-t-il lors de l'examen ?

Après avoir pris note des éléments importants, le médecin procédera à un examen clinique complet pour définir les caractéristiques des différents symptômes affectant la vulve et le vagin.

L'interrogatoire portera aussi sur l'activité sexuelle, le mode de contraception utilisée et l'utilisation de produits irritants dans le vagin ou sur la vulve.

L'examen clinique général est suivi d'un examen de la vulve, du vagin et du col de l'utérus. Le médecin examinera les sécrétions vaginales au microscope et effectuera certains prélèvements microbiologiques.

Quel est le traitement ?

Vaginite à champignons ou à Candida
Le traitement consiste en une dose d'antichampignons ou d'antifongiques qui se présente sous la forme d'un applicateur vaginal, de suppositoires vaginaux ou de comprimés à prendre par voie orale. En cas de récidive, le médecin pourra recommander à la patiente de poursuivre un traitement par comprimés aussi longtemps qu'elle le désirera. Il faut savoir qu'il n'existe pas de médicaments qui permettent une guérison totale et définitive.

Vaginose bactérienne
Le médecin prescrira des antibiotiques en comprimés, en gel ou en crème, selon le cas. Comme pour la vaginite à champignons ou à Candida, il n'existe pas de traitement qui pourrait assurer l'équilibre permanent de la flore vaginale.

Maladies de la peau (lichen scléreux, lichen plan, eczéma, etc)
Le traitement dépendra de la maladie. Le médecin prescrit généralement un antihistaminique en comprimés pour soulager la démangeaison et de la cortisone en applications locales pour faire disparaître les lésions.

Fissure à l'entrée du vagin
Le traitement initial consiste à utiliser des techniques de désensibilisation en physiothérapie ou en sexologie. L'utilisation du préservatif féminin peut permettre à certaines femmes d'avoir des rapports sexuels sans douleur. Il s'agit d'une sorte de petite poche à insérer dans le vagin et dont les rebords recouvrent bien la vulve. Les préservatifs féminins se trouvent en pharmacie et dans certaines boutiques spécialisées dans la vente de préservatifs. Si la fissure ne guérit pas, certains médecins recommanderont une intervention chirurgicale appelée "vestibuloplastie" (une intervention qui consiste à refaire le vestibule, c'est-à-dire l'entrée du vagin).

Lésions localisées
Pour enlever les lésions, comme les condylomes et le molluscum contagiosum, le médecin peut recourir à l'azote liquide, au laser ou encore à la vestibuloplastie. Dans les cas de lésions attribuables à l'herpès, il prescrira des médicaments antiviraux oraux (et non en crème ou en gel).

Vulvodynie
La patiente peut appliquer un sac réfrigérant (ice pack) froid (et non gelé) sur la vulve. Le médecin pourra lui prescrire de l'amitriptyline (Elavil), un antidépresseur utilisé ici comme antidouleur. Il pourra également lui conseiller la physiothérapie, l'acupuncture ou d'autres moyens utilisés dans le traitement de la douleur chronique.

Vestibulite
Anomalie complexe, la vestibulite fait l'objet de différents traitements. Le médecin peut proposer des suppléments de citrate de calcium (jusqu'à six comprimés par jour) et un régime faible en oxalate, c'est-à-dire évitant les aliments suivants : rhubarbe, prunes, pêches, épinards, cacao, arachides, poivrons, haricots, betteraves, céleri, persil, fraises, courgettes, raisin et thé. Le médecin peut également recommander de prendre un antidépresseur ainsi que d'avoir recours à la physiothérapie ou à l'acupuncture. Une thérapie sexuelle par un sexologue expérimenté complétera éventuellement l'approche médicale. Si ces traitements demeurent infructueux après six mois, on suggérera parfois une vestibuloplastie.

Vaginite inflammatoire desquamative
Il s'agit d'une maladie qui nécessite un traitement à long terme à l'aide d'antibiotiques ou de médicaments à base de cortisone.

Dr Marc Steben, Omnipraticien, Centre Hospitalier de l'Université de Montréal
Guide familial des symptômes sous la direction du Dr André H. Dandavino - Copyright Rogers Media, 2005